Chasser au Maroc s’avère difficile, surtout quand on n’est pas du coin et que l’on ne parle pas la langue. Tout d’abord, il faut savoir que la chasse sous marine est sensée être interdite au Maroc.Pourtant on parle de permis de chasse sous-marine,qu’il est impossible de se faire délivrer ce permis.Pas vraiment clair !
Il faut donc jouer des coudes pour se faire accepter dans l’eau par les gardes de l’armée de terre, qui surveillent toute la côte dans la région d’oujda et saidia à 100 km de l’Algérie, plaque tournante du trafic de hash.Ceci expliquant cela…
C’est pourtant cette zone méditerranéenne que nous avons choisie, pour un WE de chasse sous marine entre camarades. Notre ami Omar étant du coin, cela facilite les choses.Il connait les zones et peut parler avec les militaires qui vous sortent de l’eau à coup de sifflet si vous n’avez pas la fameuse « autorisation » ! Donc, avant la mise à l’eau il faut monter au poste le plus proche, se faire connaitre et rassurer les chefs militaires, en leur donnant votre assurance ou licence de CSM. Car en fait, ils ont surtout peur de se faire taper sur les doigts, si jamais il vous arrive quoique ce soit.
Au mois d’octobre, les eaux sont encore chaudes: autour de 22-23°C. Pas de thermocline et ça c’est plutôt signe de stabilité de poissons sur la zone. La chasse se fait entre 10 et 20 m. On peut toujours faire de l’indienne au bord des digues et avoir de bonnes surprises, mais ce n’est pas cette technique que je favorise. J’ai appris à apprécier le classique « agachon », bien connu des chasseurs sous-marins. En méditerranée, la coulée peut être payante mais au-delà de 15 m, sinon vous êtes trop visible.
Mais j’en viens à cette belle journée du vendredi 14 octobre, où l’eau était plutôt sale sur la mise à l’eau . Un peu de vie, mais pas de gros,que des petits dentis et des petits loups. Alors on essaye une digue, peu profonde ou de jolis loups se cachent parfois. Sans succès, la visibilité ne dépassant pas 2 m, on se croirait à Dunkerque.
Nous décidons de sortir de l’eau, marcher pour se remettre à l’eau sur notre spot de départ. Une sorte de 2ème tour après les 3 premières heures de chasse. Je commence à me sentir plus à l’aise dans la zone des 15 m et constate qu’il y a plus de vie sur les grosses patates de roches qui retiennent les poissons.
Je retrouve Omar sur la fin,et lui dis : « bon, une dernière apnée et on rentre ». Et quelle apnée ! Après la coulée et davantage concentré à regarder des petits sars et castagnoles qui se baladent plutôt qu’à chasser. Je décide de me poser entre 2 roches, le fusil vers la lumière.Je pense, à cet instant là que dans la direction du fusil, un poisson pourrait bien sortir ! Et bim !
Un loup s’approche et se cale devant moi, à la limite d’un trou. Je fais un geste de recul, le temps de prendre de la mesure de l’espèce et tire derrière les ouïes.
Je récupère le poisson qui se débat, et réussit à le remonter en surface. Le tenant alors de la main gauche, il se débat à nouveau et malgré mes précautions, s’arrache de ma main, m’embarque le fusil et sonde vers la roche 15 m plus bas. Je suis à bout de souffle et je ne peux pas me permettre de replonger immédiatement.
J’essaye de repérer le fut du fusil de couleur blanche pour voir sa direction, quand j’aperçois mon ami Omar avec le fil de mon fusil, le loup est toujours au bout.Je descends de quelques mètres et nous sécurisons la prise. Une petite frayeur, qui se solde par un beau poisson de 7kg pour 80 cm ! Je ne pensais pas que c’était possible de voir un spécimen pareil en méditerranée Pour moi les gros loups/bars étaient jusqu’alors en zone Bretonne ou Normande.
On gardera de beaux souvenirs de ces 3 jours, et une petite vidéo avec,
Enjoy !